Quand Robert Redford descend en ville, c’est en seigneur. On se presse pour le saluer: il met un point d’honneur à n’oublier personne. C’est sa visite annuelle. La rue principale de Park City dans l’Utah est décorée aux couleurs de Sundance, son festival. Il y reçoit le jeune cinéma indépendant. En deux heures, au pas de course, casquette de base-ball à l’envers sur la tignasse rousse, joues grêlées par la bise, il fait le tour des bars où s’est attablée la jeune génération. Dans son dos, une caméra ne le lâche pas une seconde. Un mot pour chacun. Quelques considérations volatiles sur le cinéma. Puis un petit tour pour ses bénévoles. Il questionne, s’inquiète de la bonne marche des opérations. Pure formalité. Il ne doute pas du bien-fondé de son affaire. Et ne fait pas mystère de sa fierté: il a fondé sur ses terres une communauté d’esprit avec laquelle Hollywood doit compter. Nul besoin d’en rajouter: à part cette visite, Redford se montre peu pendant les festivités. Il reste perché dans ses montagnes. On l’a comparé un jour au seigneur romantique d’un roman de Tolstoï qui parcourait son domaine avec un même mélange de «respect, ferveur, pragmatisme et distance». Il dit qu’il «prend soin» de la terre plus qu’il ne la «possède». Sa propriété ici est des plus vastes: un canyon de 1.500 hectares au pied du mont Timpanogos dans les étendues sauvages du pays mormon. Aujourd’hui sort Quiz Show, qu’il dit avoir tourné en partie pour montrer qu’il est aussi un homme de la ville: «Q
Portrait
Robert Redford, le seigneur du canyon
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Robert Redford à Sundance, en avril 2006. (REUTERS)
par Laurent RIGOULET
publié le 15 février 1995 à 1h08
(mis à jour le 15 février 1995 à 1h08)
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