Dans «Waati», la grand-mère dit qu'en Afrique du Sud, ce sont les femmes qui changeront les choses. Pourquoi avez-vous eu envie de faire un film sur les femmes?
En fait, j'ai toujours parlé des femmes. Den Muso, le premier film que j'ai tourné, en 1975, était déjà une histoire de femme, mais il n'a pas pu sortir au Mali. L'administration a bloqué le négatif, j'ai fait une semaine de prison.
Mais en vingt ans, la situation des femmes africaines a évolué?
Oui, mais elle évolue aussi à l'intérieur même de mes films. Mon film suivant, Baara, montrait une femme cadre africaine, ce qui en 1977 était révolutionnaire. Cette femme, malgré ses diplômes, choisissait de rester à la maison pour soutenir son mari. Il y a avait aussi une jeune femme vendeuse. Ensuite, dans Finye, j'ai raconté l'histoire d'une fille de gouverneur qui choisit de prendre le parti des opprimés. Le rôle de Nandi dans Waati est une continuation de tous ces rôles de femmes. Elle a été marquée par l'éducation de sa grand-mère et son voyage en Afrique de l'Ouest lui a permis de se former à une autre école, de se rendre compte que les différents problèmes du continent ne se limitent pas à l'Apartheid.
Mais la combativité et le courage de Nandi sont tout de même exemplaires?
Nandi est un cas exceptionnel, mais que l'on retrouve dans de nombreuses familles sud-africaines. Sans la combativité des femmes, on ne parlerait pas aujourd'hui de Mandela. Dans tous les foyers sud-africains, ce sont les femmes qui sont en première ligne du combat. Elle veulent que leurs enfants puissent faire face un jour aux oppresseurs.
Les grand-mères jouent un rôle très important, ce sont elles qui poussent au combat, mais ailleurs, elles sont les garantes de la tradition.
En Afrique du Sud, on résiste ou on n'existe pas. Les femmes se battent pour protéger leurs maris, et surtout leurs enfants, qui représentent l'avenir. Sous d'autres régimes, la femme est l'esclave de la v