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Analyse

La ruée vers le mythe

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Trois films, dont «Casino», et cinq livres font retour à Las Vegas, cité-métaphore de l'Amérique.
publié le 13 mars 1996 à 2h51

Comme la Mafia a souvent servi de métaphore pour l'Amérique, Hollywood retourne périodiquement au désert du Nevada et aux néons de Las Vegas, comme l'oedipe au Sphinx. Cette année, pas moins de trois films ­ Casino, Leaving Las Vegas et Showgirls ­ sur l'endroit. Avant ça, Warren Beatty, entre autres, s'était essayé à nous rendre la romance de Las Vegas et de sa création en tant que mythe, sur un bon script intelligent de James Toback (lui-même anciennement joueur dégénéré), tâchant avec bravoure de pallier le handicap toujours plombant d'une mise en scène de Barry Levinson; le défaut de Bugsy était justement de trop insister sur le côté visionnaire de Ben Siegel, d'en faire quelque chose de plus qu'une fripouille narcissique frappadingue, mais d'envergure. Un peu comme ce que Coppola avait fait avec la Mafia dans sa série du Parrain, qui comporte pourtant une très belle séquence centrale sur Las Vegas et l'implantation mafieuse en plein désert.

Dans Casino, justement, Scorsese et son scénariste Nicholas Pileggi mettent le doigt sur ce que Coppola ne faisait qu'effleurer et sur ce que Beatty traitait sur un mode typiquement romantique: au cours d'une scène formidable entre De Niro et L.Q. Jones ­ un habitué des films de Peckinpah ­ «Ace» Rothstein éconduit fermement le chef de la Commission des jeux du Nevada venu faire réengager son beau-fils, un connard pistonné que le patron de casino juge inemployable. L'homme du Nevada, laconique et parfait dans ses bottes en serpent, so