Après avoir lutté de nombreuses années à coups de documentaires et de films de fiction contre la dictature duvaliériste, Raoul Peck s'attelle depuis un mois à une nouvelle tâche: celle de ministre de la Culture du nouveau gouvernement haïtien. Dans le pays le plus pauvre d'Amérique latine, émergeant de quarante ans de dictature et de régimes militaires, le défi est à la hauteur de l'engagement du réalisateur de l'Homme sur les quais (sélectionné à Cannes en 1993).
Très jeune Raoul Peck part pour le Congo belge, suivant son père dans l'exil. Il vit ensuite en Allemagne où il étudie à l'Académie du film, et aux États-Unis. Dès son premier film, pourtant (Haïtian Corner, en 1983), c'est à Haïti qu'il revient en filmant l'histoire d'un exilé hanté par l'image de son tortionnaire (un «tonton macoute»). Suivra en 1991 Lumumba, la mort du prophète, un documentaire «de mémoire» sur le héros congolais. Et parallèlement, depuis la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986, une implication de plus en plus forte dans la vie politico-culturelle en Haïti. Invité par Philippe Douste-Blazy au Festival de Cannes, le jeune ministre de la Culture haïtien (40 ans) est en France, où il a notamment rencontré Hervé Bourges, le président du CSA.
Comment êtes-vous devenu ministre de la Culture?
Les choses se sont précisées l'an dernier à l'occasion d'un festival où l'on voulait présenter au public haïtien certains de mes films, documentaires et fictions. La direction de la salle de projection, Capitol Espace, qui a le monopole de la distribution en Haït