Avez-vous pris un risque en choisissant Liv Tyler, jeune actrice inconnue, pour «Beauté volée»?
Liv Tyler est la première fille que j'ai vue à New York et j'ai immédiatement pensé qu'elle était Lucy. En un quart d'heure, elle a changé d'âge trois ou quatre fois. Elle avait 17 ans, puis 28 ans, puis 14 ans, elle n'a pas encore décidé ce que c'est que l'âge. Elle cherche. J'ai été pas mal touché par sa beauté et, un peu esclave de mes conventions culturelles, j'ai pensé à ces personnages de Henry James. Dans ses yeux, dans son corps, je voyais cette chose qui m'a toujours touché dans la littérature américaine: la force physique des pionniers chez des jeunes femmes qui viennent en Europe pour découvrir leur fragilité face à la culture européenne. J'ai pris un risque, mais j'ai eu aussi le privilège de travailler avec quelqu'un qui n'a pas encore été manipulé par le cinéma.
Vous vous retrouvez en elle?
Vous me dites: madame Bovary, c'est moi? Oui, d'une certaine façon, c'est moi. C'est très important de trouver des moments d'identification. Par exemple, comme Lucy, j'écrivais des poèmes quand j'étais adolescent. C'est une chose qui me vient de mon père, un poète italien très célèbre et j'ai grandi baigné dans la poésie. Quand il avait 10 ans, mon père était dans un collège à Parme et il écrivait ses premiers poèmes qu'il jetait ensuite de manière à ce qu'ils se posent sur le rebord de la fenêtre de son professeur...
Vous êtes soulagé du résultat des élections en Italie?
On est très contents parce qu'on a échappé au pire. On aurait pu avoir Berlusconi et Fini! Voir leurs gueules pendant cinq ans, mon Dieu! J'avais horreur de l'Italie des années 80, la corrup