Le 5 mars 1995, j'ai passé la nuit dans la cabane familiale de Welling, Oklahoma. Nous avons regardé le film Natural Born Killers (Tueurs-nés). Ben a vraiment adoré ce film. Puis j'ai proposé d'aller voir un concert des Grateful Dead à Memphis, Tennessee.» Ainsi commence la confession écrite de Sarah Edmondson, une fille de 19 ans à l'allure fragile, fille d'un juge de l'Oklahoma, qui, avec son compagnon de route, Benjamin Darras, frêle garçon de 18 ans, attend son procès dans une prison de Louisiane.
Ce récit froid détaille sur cinq pages serrées une fuite sans but sur les routes du sud des États-Unis à l'occasion de laquelle, deux jours plus tard, le 7 mars, un homme, Bill Savage, a été abattu sans raison apparente à Hernando dans une ferme du Mississippi et, le 8 mars, une jeune femme laissée pour morte et retrouvée au milieu de la nuit, allongée dans son sang derrière la caisse d'une station-service. Ben a, semble-t-il, tiré sur l'homme, Sarah sur la femme. Mais c'est, aux dires de Sarah, Ben qui, le premier jour de leur équipée, a lancé l'idée de rechercher une ferme isolée, de tuer et de dévaliser ses occupants sans laisser de témoins. «Quand Ben parlait, c'est comme s'il était en train de fantasmer sur le film Tueurs-nés», dit-elle.
Plainte. A quelques kilomètres à peine de la prison où sont enfermés les deux adolescents, la femme de la station-service, Patsy Byers, paralysée à vie, attend le résultat d'une autre procédure qui ne vise pas seulement le