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Interview

David Cronenberg : «Un choc n'est pas forcément négatif»

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Acteurs, peur, pornographie... David Cronenberg évoque la spécificité de «Crash».
publié le 17 juillet 1996 à 8h10
Quelle est votre réaction face à l'hostilité à laquelle votre film a dû faire face à Cannes?

La majorité des gens qui sont venus me parler, c'était pour me dire à quel point ils adoraient le film; les autres, je ne les ai pas vus. Mais il faut dire qu'il est rare que quelqu'un vienne dire à un metteur en scène: «Je hais votre film.» Jusqu'à présent, j'ai eu suffisamment de réactions positives pour être heureux. Quant à ceux qui se déclarent choqués, je crois qu'un choc n'est pas forcément négatif. Pour ce qui est des mauvaises critiques que le film a récoltées, je crois que c'est normal. On ne peut pas tourner un film en se refusant au compromis et se plaindre en même temps que tout le monde n'aime pas ça. Je n'ai pas fait ce film pour être aimé, et James Ballard n'a pas écrit ce livre pour en faire un best-seller. Mais je ne peux m'empêcher d'espérer que même les gens qui n'aiment pas le film en apprécieront la beauté étrange.

Et que pensez-vous de ces spectateurs qui sifflent mais restent jusqu'à la fin du film?

Je les comprends. Car même les gens qui aiment le film ne sont pas sûrs des raisons pour lesquelles ils l'aiment. Et ça c'est une bonne chose, parce que pour les trois quarts des films on sait exactement quoi en penser au bout de dix minutes. Quelqu'un m'a dit: «La première fois que j'ai vu le film, j'étais sous le choc; la deuxième fois, j'ai vu le film.»

Comment avez-vous trouvé des acteurs prêts à jouer dans Crash?

Ça peut paraître surprenant, mais ça a été facile. D'abord, l'agent de Holly Hunter m'a immédiatement appelé avant même que j'ai eu le temps d'envoyer le scénario à qui que ce soit. A cette époque, je ne pensais pas vraiment aux acteurs, je me préoccupais davantage de financement. Mais les sc