On prête à la télévision bien des défauts: à cause d'elle, les enfants ne lisent plus. Ses feuilletons donnent une vision du monde débilitante. Elle véhicule, à travers ses reportages sensationnalistes et ses fictions stéréotypées, une pensée unique lobotomisante. Cet acte d'accusation fourre-tout est évidemment caricatural et Un arbre dans la tête, le formidable téléfilm de Jean-Pierre Sinapi, pourrait à lui seul faire passer toute envie de «gronder la télé». Si le reportage, quand il est bien fait, est certainement le genre le mieux adapté au petit écran, la fiction, en prenant ses distances avec la réalité, peut avoir encore plus d'impact. Il y aurait, dans Un arbre dans la tête, largement de quoi faire un Bas les masques sur «Je suis un candidat aux faits divers», un Zone interdite sur les accidentés de la route, voire une Marche du siècle sur la violence des banlieues. Sauf que le téléfilm n'adopte jamais la commisération vaguement méprisante des curetons cathodiques. Il est bien trop malin pour ça.
Le rat et l'Indien. Prenons l'un des personnages principaux, Mathias: une petite frappe antipathique sinon effrayante, qui a besoin d'un flingue pour se sentir exister, gerbe sa bière, lapide les chiens et traite les femmes (sa mère y compris) comme des chiennes. Cette mauvaise graine a un petit frère de 13 ans, un peu fasciné par la rage virile de son aîné, mais encore plus par les Indiens d'Amérique, dont il lit sans relâche les aventures édifiantes. Mathia