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Libération
Critique

Initiales D.D.

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publié le 27 février 1997 à 16h55

Sa pudeur est légendaire: c'est pourquoi Danielle Darrieux, 80 ans le 1er mai prochain, part d'un éclat de rire de jeune fille dès qu'on lui pose la moindre question personnelle. Faire parler Danielle Darrieux, vedette certifiée incernable, de sa vie, de son oeuvre, c'est pourtant la mission impossible que s'est assignée le cinéaste Denys de La Patellière. Le résultat tient plus de l'hommage que du portrait, mais, comme le réalisateur d'Un taxi pour Tobrouk a dirigé la dame (dans le Salaire du péché, en 1956) et peut-être parce qu'il appartient sensiblement à la même génération, D.D. lui entrouvre la porte. Mais, avec une malice à peine croyable, reste planquée derrière. Les petits morceaux d'interview valent le coup d'oeil à eux seuls: elle fait mine d'accepter de raconter ses débuts, puis se défausse comme une Zazie effrontée: «Merde, je m'en souviens plus!» C'est donc Denys de La Patellière qui retrace, en voix off et avec force extraits de films, le parcours de cette vieille dame délicieusement indigne, qui fut une graine de star (premiers pas cinématographiques à 14 ans) avant de devenir le sex-symbol français de l'avant-guerre.

D.D. fut aux années 40 ce que B.B. fut aux sixties. A cette époque, elle est mariée au réalisateur Henri Decoin, enchaîne les rôles de légende (Mayerling de Litvak, Katia de Tourneur, etc.), est à deux doigts de répondre à l'appel des sirènes d'Hollywood. Pas vraiment emballée par son activité professionnelle («j'allais au studio comme on va à l'