Il y a quelques années, Shohei Imamura passait par Cannes. Avec un drôle de projet en tête: filmer une histoire de Geisha dans le Marseille des noctambules. On ne sait trop comment l'idée lui est passée par la tête mais le maître japonais, qui fêtait en septembre ses 70 ans, a mené une enquête serrée dans les contre-allées de la Croisette et s'est trouvé un guide de choix en la personne de Jean-Henri Roger, co-réalisateur de Cap Canaille avec Juliet Berto. Quelques jours plus tard, deux limousines s'immobilisaient aux portes du «New York», brasserie du Vieux-Port. Shohei Imamura, flanqué de sa garde et de son épouse en costume traditionnel, en descendait pour demander, laconique: «Emmenez-moi là où on joue de l'argent"» «Finalement , raconte Jean-Henri Roger, il est resté en arrêt devant une partie de pétanque. Pendant trois heures, il n'a pas voulu bouger.» On attendait ce film avec curiosité. Il ne s'est pas fait. Les joueurs de pétanque ne figurent pas au rang des personnages excentriques qui s'aventurent dans son dernier film comme dans l'arrière-cour de chez Kusturica. Cette vieille et riche chanteuse de flamenco, par exemple, dont Imamura jure qu'elle existe vraiment. Non loin de chez lui. Du côté d'Akita.
Shohei Imamura n'avait plus présenté de film depuis Pluie noire , vaguement honoré par le jury du festival 1989 (Grand prix technique de la Commission supérieure technique). Pendant près de huit ans, son histoire s'est confondue avec celle de projets contrariés. Il a