Kim Basinger est seule au comptoir et commande des alcools forts. Sous la capuche noir satiné d'un Père Noël glamour, on distingue à peine un pâle sourire. On l'attend dehors, dans une rutilante voiture de l'âge d'or hollywoodien («Oui, c'est ça: Golden Years», dit-elle) et elle disparaît dans la nuit californienne en moins de temps qu'il n'en faut pour articuler Kim. C'est sa première scène dans le L.A. Confidential de Curtis Hanson, sa première apparition à l'écran depuis deux ans, «le début d'une nouvelle carrière». Elle y joue, avec un mélange d'abandon et de conviction, une starlette échouée à Hollywood qui ravale ses rêves de gloire et avance, pour le tapin, une vague ressemblance avec Veronica Lake.
Elle n'est qu'une fille sexy qui met des robes trop belles pour son rôle, mais Kim Basinger s'en accommode sans façon. Comme ce personnage alangui qui, chez elle, se projette des films en déshabillé, l'actrice de Georgie est restée bloquée sur une certaine idée d'Hollywood. «Ce film m'a rendu nostalgique d'une époque dont je rêvais quand j'étais gamine. Spencer Tracy, Jack Lemmon, Deborah Kerr" Il était sans doute plus facile d'être un sex-symbol. On n'avait qu'à se baisser pour ramasser les grands rôles. Les studios ne cherchent plus cette beauté qui me transportait. Ils sont plus attirés par des filles ordinaires ("girl' next door) auxquelles le public peut s'identifier.» Elle dit ça, entre trois chaises vides, dans un restaurant du Carlton où l'on a poussé les tables pou