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Libération
Interview

Wong Kar-Waï, Occident-Orient express.

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CANNES. Né à Shanghai, nourri de culture occidentale à Hong-kong, le réalisateur n'envisage pas de quitter sa ville, bientôt rétrocédée à la Chine.
publié le 19 mai 1997 à 2h35

On peut toujours se demander ce que Wong Kar-Waï cache derrière ses lunettes noires. A 9 heures le matin, en jean délavé et veste noire dans le voisinage de la piscine du Majestic, le cinéaste de Hong-kong, 38 ans, grand et tonique, plutôt radieux et très enjoué, s'amuse, au soleil, de la mine décavée des festivaliers. Il allume à la chaîne des Rothmans bleues qu'il laisse se consumer dans le cendrier, mais on ne trouve pas le moindre repli inquiet dans sa conversation.

Pas d'angoisse sur la résonance d'un film qui était encore sur la table de montage à l'heure de la cérémonie d'ouverture. Un sourire facétieux pour retourner la question qu'il entendra tout au long de la journée: «Que ferez-vous à partir de juillet prochain quand Hong-kong redeviendra une ville chinoise?» «Je n'ai aucune envie de partir. Je chéris les conditions dans lesquelles j'y travaille, je peux tout faire à mon rythme. Je suis curieux de voir ce qui va arriver, mais j'ai passé trente-trois ans de ma vie dans cette ville. Je crois qu'il faut rester, ne pas abandonner et essayer de tourner cette nouvelle époque à notre avantage. Et puis, si je ne peux plus faire les films dont j'ai envie mais que je me sens heureux quand même, je trouverai une autre voie.» Par exemple? «Policier, cafetier, journaliste"»

Pour l'instant, il est question de «la fin d'un chapitre». Avant l'échéance du 1er juillet, Wong Kar-Waï voulait tourner deux films. Un été à Pekin, trafic amoureux d'une ville à l'autre, qui est encore en c