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Interview

Atom Egoyan «Me mettre au service d'une histoire»

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Le cinéaste raconte comment il s'est effacé derrière le livre.
publié le 8 octobre 1997 à 11h29

Après le stress cannois où De beaux lendemains donné favori pour la palme est reparti avec le grand prix du jury, Atom Egoyan a passé une partie de l'été à Londres où il travaille à la mise en scène d'un opéra de Gavin Bryars. Rencontre entre deux répétitions.

Après Exotica, vous ne saviez pas quelle suite donner à votre carrière?

Je sentais que je devais faire quelque chose de différent mais je ne savais pas quoi. La rencontre avec Russel Banks, qui s'est parfois imposé comme une figure paternelle, m'est apparue comme un défi. Adapter son livre est une percée dans ma carrière. Même si je prends quelques libertés avec la structure, je ne perds jamais de vue la maturité et la sagesse qui sont contenues dans ce récit, écrit par un homme plus âgé que moi et qui propose un univers moral. Or je n'ai jamais fait ça avant. Mes personnages appréhendaient une relation à la mémoire, à l'expérience, mais pas à un code moral, ni à l'idée d'un réconfort spirituel. Je me sentais plutôt mal à l'aise avec ça. Russel Banks a bousculé ma perception. J'ai voulu gommer tout ce qui est personnel pour me mettre au service d'une histoire. La pornographie par exemple, c'est moi, c'est ma propre obsession, il y a une scène qui me semble relever de la pornographie dans De beaux lendemains quand l'avocat est dans le bus et qu'il filme ce qu'il en reste. Mais c'est acceptable. Tout autre excursion dans ce domaine aurait été une manière de me projeter dans ces personnages alors que je devais me mettre à leur service. Je ne voulais pas décevoir Russel et je voulais sentir que