Avec Titanic, les spectateurs ont le sentiment de participer aux retrouvailles imprévues du cinéma avec la magie hollywoodienne, celle qui savait autrefois allier les montagnes de dollars, le goût du spectacle avec le respect et l'intelligence des spectateurs, sans tricherie, sans obscénité. A rebours de toutes les prévisions les plus sinistres, le film le plus cher de l'histoire du cinéma est un film d'auteur. C'est dire qu'il met en oeuvre la vision d'un créateur. Si les cinéastes inventent des mondes qui, tout en ressemblant au nôtre, le transforment et le projettent, James Cameron est bien de ceux-là. Son film est, dans tous les sens du terme, l'histoire d'une volonté: la sienne le montage de ce projet a des allures prométhéennes , mais aussi celle des deux personnages principaux du film, qui bataillent pendant plus de trois heures.
Le sujet du film n'est c'est flagrant pas le naufrage du célèbre paquebot, mais le suicide, au milieu de l'Atlantique, d'une société divisée en classes, avec des chaudières évocatrices de la révolution industrielle dans les profondeurs du navire. Société qui, sous la houlette suffisante des armateurs et des officiers anglais, fonce à tombeau ouvert vers l'Amérique. Au milieu des années folles qui font naufrage, par aveuglement, au propre et au figuré, deux amants aux désirs orgueilleux se battent, à mort, pour survivre à la morgue sociale et technique ambiante. La magie du cinéma, c'est que ce sujet sombre, à la King Vidor, est pour le