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Libération
Critique

LES FILMS DE NOS 25 ANS. 1991. Edward aux mains d'argent. On en pince pour Tim Burton.

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Le conte de fées de Tim Burton narre l'irruption dans une banlieue américaine d'un monstre joli coeur, as de l'horticulture aux doigts en ciseaux. Un sécateur humain qui complète la galerie du réalisateur de «Pee Wee», «Beetlejuice» et «Batman». Magique.
publié le 13 mai 1998 à 3h28

Demi-tour, et imaginez un instant la situation suivante. Un jeune metteur en scène, un rien hirsute et présumé inconnu, s'avance vers un producteur hollywoodien et lui propose ceci: «En gros, je voudrais faire un film sur une créature d'apparence humaine, Edward, inventée de toutes pièces par un savant qui n'a pas le temps de la terminer. Le démiurge, qui pourrait être joué par mon idole Vincent Price, meurt en laissant le pauvre Edward avec tout un bordel de paires de ciseaux et de lames à la place des mains, ce qui fait qu'il se coupe comme un âne quand il s'essuie le visage et qu'il ne peut pas dormir sur un waterbed ou manger des petits pois, par exemple, voyez" Le producteu r: ­ Et à la place des sécateurs, tu verrais pas plutôt deux bras en forme de Scud, et on le parachute au Koweït, le monstre?

Le metteur en scène: ­ Non.

L'autre (bave aux lèvres): ­ Mouif" Et qu'est-ce qui se passe au juste avec ton coupe-coupe humain? Il taille les haies, peut-être, il se lance dans la sculpture capillaire et la tonte des caniches?

­ Oui, oui, c'est ça. Il est très doué. Puis il tombe amoureux d'une fille normale, et voilà.

­ Ce n'est pas dans mon habitude de dire du mal, mais tu es gentil: tu crois vraiment qu'on n'a que ça à foutre?!»

Rideau sur l'intermède fantoche, plausible mais conjoncturellement à côté de la plaque puisque Tim Burton, notre cinéaste de 32 ans, n'est plus un inconnu. Mieux que ça: depuis qu'il a réalisé avec Batman le plus gros score américain (en dollars) de tous