Ce qu'il aimerait sans doute, Jean-Louis Trintignant, c'est rouler tout l'après-midi. Sur le Gard, vent du sud et temps clair. Il a, depuis la veille, une nouvelle voiture («Elle est vraiment très belle, non?), la perspective de l'entretien ne le motive guère «Je ne suis pas intéressant, vous savez, j'ai accepté parce que Chéreau me l'a demandé. Je l'aime bien Chéreau. Il est étonnant, vous ne trouvez pas?» L'ancien pilote du Mans (accident à 320 km/h dans les Hunaudières en 1977) se dit d'ailleurs prêt, avec la rutilante Audi, à faire en trois heures l'aller retour Nîmes-Aix, même s'il ne fonce plus comme avant. Une légère pointe pour voir la tête du passager, c'est tout ce qu'il s'autorise. «J'ai adoré ça, la voiture. En compétition, tout est question d'équilibre, on entre dans un virage à 250 km/h, quand on y est, on ne peut plus reculer. C'est l'accélérateur qui tient la voiture dans la courbe, il faut assumer, c'est un sentiment extraordinaire, vous savez. Maintenant, je ne peux plus, je conduis de moins en moins bien"» Pour profiter du paysage dans les contreforts des Cévennes, il fait de la mob. «Une Ciao. Comme les adolescents. C'est un peu ridicule"»
«Mesquins, égoïstes». Nous y voilà. Au pont du Gard où il s'assoit à l'ombre d'une terrasse, il dit, tout de go, sans raison apparente: «J'ai horreur des vieux.» Un thème récurrent dont on perçoit toujours plus les accents céliniens («ça me plaît que vous disiez ça, je l'aime beaucoup, Céline, surtout