Les coproductions internationales les plus audacieuses ne sont pas toujours des affaires de fric. Ni de majors. A la question «Qui peut se payer un film au Liban, avec une logistique de guerre (armée, etc.), un réalisateur de l'équipe de Tarantino, une participation norvégienne et une musique de Stewart Copeland (l'ex-batteur de Police)?» la réponse tombe, curieusement française, artisanale et modeste: 3B Production, qui amène cette année West-Beyrouth, de Ziad Doueiri, à la Quinzaine. Une boîte dirigée à quatre mains par Rachid Bouchareb (le réalisateur de Cheb) et Jean Bréhat, un ancien prof de math passé au cinéma.
«Que le politique». Un petit brun et un grand châtain. Ils se sont connus sur le tournage de Bâton rouge, le premier film de Bouchareb, en 1985. Quelques mois plus tard, ils fondaient leur propre société, 3B (appuyés, initialement, par un troisième B-acolyte, Jean Bigot), pour produire Cheb. Ils ont continué, enchaînant les réalisations, personnelles ou pas. «Finalement, constatent-ils rétrospectivement, il n'y a que le politique qui nous intéresse. Ou plutôt le social. Et on est ouverts sur tout ce qui se passe hors de France.» Ils poussent leur pelote hors des sentiers battus, de premiers films délibérément provinciaux en aventures furieusement lointaines.
Après Faut-il aimer Mathilde (premier film d'Edwin Bailly), ils enchaînent, en 1997, sur une incursion en Malaisie avec le Poussières de vie de Bouchareb, puis soutiennent le Haramuya de Dris