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Libération
Portrait

Jean-Luc Godard, portrait de l’artiste en historien

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Dans «Histoire (s) du cinéma», à la fois livre et film, le réalisateur propose sa cinémathèque imaginaire.
publié le 7 octobre 1998 à 13h31

«Il y avait un roman de Ramuz qui racontait qu’un jour un colporteur arriva dans un village et qu’il devint ami avec tout le monde parce qu’il savait raconter mille et une histoires. Et voilà qu’un orage éclate et dure des jours et des jours, et alors le colporteur raconte que c’est la fin du monde. Mais le soleil revient enfin et les habitants du village chassent le pauvre colporteur. Ce colporteur, c’était le cinéma.» Histoire(s) du cinéma (1) se présente comme une «introduction à une véritable histoire du cinéma, la seule, la vraie» (2), c’est-à-dire la sienne, celle de Jean-Luc Godard, un des cinéastes vivants les plus respectés au monde. Le livre est complètement atypique (3). Sans références précises, il mêle citations d’écrivains, au besoin transformées, et images de films, elles-mêmes enrichies de phrases qui les transfigurent ou du collage d’un autre élément visuel. Textes et images doivent attirer également l’œil sur la page. «Montage, mon beau souci», écrit Godard, auquel on ajoute dans cet article une ponctuation quand on le cite, faute de pouvoir rendre la disposition exacte des mots sur la page telle que Jean-Luc Godard l’a conçue, lui qui n’hésite pas à présenter comme prose de nombreux alexandrins. Ni roman ni livre d’art, Histoire(s) du cinéma sous forme de livre est comme la trace la plus facilement consultable des films Histoire(s) du cinéma, comme «la cinémathèque imaginaire» de Godard, un peu à la manière