Pour dire le parti pris particulier de ce gros et beau livre, il suffit de noter que l'on n'aborde l'histoire proprement dite de la Nouvelle Vague qu'à la page 164. Avant d'en arriver à la tornade qui, à la fin des années 50, bouleversa le paysage du cinéma français, Jean Douchet, ancien condisciple des Truffaut, Rohmer et autre Godard, critique, réalisateur et acteur, a revisité la cinéphilie de l'après-guerre, ressuscité les débats entre un André Bazin, maître à penser le cinéma dans les années 40 et 50, et l'escouade de jeunes fêlés (Rohmer, Chabrol, Truffaut, Godard") qui le suivaient et parfois l'excédaient. Il a aussi souligné la façon dont les positions des Cahiers du cinéma ont servi de formation aux futurs cinéastes. On comprend alors que la «politique des auteurs» a été moins une position critique qu'une revendication d'aspirant metteur en scène. D'autant que, lorsqu'il aborde les tendances opposées (Positif par exemple), Douchet les juge à l'aune de ce qu'elles ont donné sur l'écran: «Notons au passage que cette tendance s'est révélée stérile et incapable de donner naissance à un cinéaste digne de ce nom.» Il restitue aussi l'importance de la Cinémathèque d'Henri Langlois, où les futurs mousquetaires du nouveau cinéma ont découvert Lang, Dreyer, Mizoguchi, etc.
Images, articles Ce livre superbe est illustré de nombreuses photos, de Melville avec Langlois à une assemblée de spectateurs du Festival du film maudit de Biarritz en 1949, d'où émergent Cl