Todd Haynes ressemble plus à un brillant élément des campus américains qu'à la figure majeure du cinéma indépendant américain qu'il est devenu depuis Poison et Safe. Coiffé pop, bavard, fumeur, il parle avec fébrilité des enjeux de Velvet Goldmine, pour lui son film le plus ambitieux.
Le film est perçu comme un «period movie» sur le glam rock. N'y a-t-il pas malentendu?
La vérité historique ne me concerne absolument pas. Ce qui m'intéresse, c'est d'aller contre les notions de vérité, de pureté, contre la tradition humaniste célébrant l'émotion et la subjectivité du vrai. Si Godard dit que le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde et Fassbinder 24 fois le mensonge, bien que j'aime énormément Godard, je me sens plus engagé dans les pouvoirs de manipulation du cinéma. C'est exactement ce que le glam rock a essayé de faire: balayer l'idée que le rock exprime directement des émotions authentiques et célébrer ce qui est artificiel dans l'expression artistique, voire dans l'identité ou l'orientation sexuelle. Fassbinder disait qu'il voulait être brechtien, c'est-à-dire encourager l'identification, tout en informant le spectateur des limites imposées par la société et de l'impossibilité de réaliser ses désirs.
Quelle sorte de vérité avez-vous recherchée? Celle de la musique ou celle de la vie derrière la musique?
Je crois que la musique et ce qu'on voit derrière sont tellement liés qu'on ne peut pas les disséquer comme ça. Le meilleur de Roxy Music est plein d'idées, d'ironie et de références, mais si la chanson ne résonne pas émotionnellement, si elle ne vous fait pas danser, ça ne marche pas. Je me suis appliqué à faire un film reposant sur le même paradoxe appliqué