Une bonne séance de sadomasochisme vaut une psychanalyse, disait le philosophe; un gommage régénérant tout aussi bien, rétorque Tonie Marshall qui dans Vénus Beauté (Institut) a décidé de placer le corps et l'inconscient des femmes sous le signe de la cosmétique. Désir d'invisibilité. Dans l'échoppe rose néon de Nadine (sensationnelle Bulle Ogier), un petit institut de beauté parisien, ce que les clientes ont de plus profond, c'est leur peau, et cette surface surexposée les obnubile complètement, parce qu'elle se barre en plis, rides et surplus graisseux, excès de sébum, vergetures et couperoses, taches exponentielles. «Au moins, quand il n'y aura plus de peau, y aura plus de taches!», remarque une défoncée du peeling desquamant, comme si l'horizon logique des soins de beauté et des maquillages esthéticiens n'était finalement, supprimant à la fois les causes et les effets, qu'un fort désir d'invisibilité. Tonie Marshall, coutumière des comédies décalées et intelligentes (Pentimento, Pas très catholique), livre avec ce nouveau film parfumé une réflexion sur le dépit amoureux, la séduction évanescente à l'heure du retour d'âge, la solitude" Angèle (Nathalie Baye, idoine) masse et pommade à tour de bras chez Nadine depuis trop longtemps. Elle drague les mecs en ricanant dans des self-services (haut lieu du célibat, c'est connu) quand un jeune hirsute, Antoine (Samuel Le Bihan), se jette sur elle, lui dit qu'il la veut, qu'il n'en peut plus. Interdite, Angèle le fuit comme la pe
Critique
Vénus Beauté», épidermique
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par Didier Péron
publié le 3 février 1999 à 23h35
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