James G. Ballard est un écrivain pour le moins déconcertant. Capable d'être adapté aussi bien par le consensuel Steven Spielberg (l'Empire du Soleil) que par le provocant David Cronenberg. Crash, c'est un peu la rencontre entre Eros, Thanatos et General Motors: le roman (publié en 1973) et le film (gros «scandale» du Festival de Cannes 1996) montrent comment, dans nos sociétés industrielles, la voiture en général et l'accident automobile en particulier sont devenus des éléments moteurs des fantasmes sexuels. Crash suit les aventures d'un jeune couple en pleine atonie physique et spirituelle. La chair est triste et réclame un dérèglement supplémentaire. Ce sera un grave accident de voiture qui entraînera James (le mélancolique James Spader) et son épouse (la blonde glaçante Deborah Unger) dans une quête du désir de plus en plus intense, extrême et fascinante: une conduite en état d'ivresse et à tombeau ouvert sur l'auto-rut.
Ballard offre ainsi à Cronenberg une nouvelle déclinaison de son thème favori: la fusion de l'homme et de la machine, ici aussi cabossés l'une que l'autre. James et son mentor Vaughan (l'inquiétant Elias Kotéas) se font tatouer des symboles automobiles sur la poitrine, Gabrielle (Rosanna Arquette), rescapée d'une grave collision, a les deux jambes engoncées dans un complexe harnachement de ferraille... Cronenberg filme la chair humaine de la même manière que la carrosserie automobile, au point que l'on se demande: laquelle est la plus vivante? Les scènes «