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Rencontre

David Cronenberg tourne en corps et en gore

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Le réalisateur anticipe dans toutes ses oeuvres les métamorphoses de l'être humain.
publié le 14 avril 1999 à 0h43

L'éclat contemporain de la question du corps et de ses liens évolutifs avec le fonctionnement du cerveau ou des technologies ambiantes doit beaucoup à David Cronenberg, qui croise cinémato- graphiquement la figure de l'artiste et du scientifique. Le cinéaste a notamment déclaré (1): «A chaque film, j'expérimente un type de mort, un type de vie, un type de relation interpersonnelle, et c'est là que pour moi le cinéma devient partie prenante du processus vital plutôt qu'un trou où je disparaîtrais pendant six mois pour émerger ensuite à la vie réelle.» Rencontre avec Cronenberg autour de quelques idées fétiches de son cinéma.

Le cancer créatif Cronenberg a toujours déclaré qu'il filmait du point de vue non de la santé mais de la maladie. Les termes entre le normal et le pathologique sont systématiquement renversés, ou brouillés. Ce n'est plus comment nous percevons l'état de maladie mais comment la maladie elle-même nous perçoit. C'est l'idée du cancer créatif qui apparaît dès Shivers (1970), où l'on pouvait découvrir cette formule: «Le sexe a été inventé par une maladie vénérienne intelligente.» «Je ne crois pas en un état de pureté perdue ou souillée, je pense qu'il y a une évolution constante des choses, une interpénétration et une mutation perpétuelle des phénomènes. Ce qui nous semble inaltérable et que nous aimons comme tel, parce que nous en apprécions la forme, ne l'est pas. On peut de plus en plus la changer en profondeur. Par exemple, je m'intéresse a