Il y a tout de même quelque chose qui ne tourne pas rond au pays d'Hollywood et dont l'arrivée du Gloria de Sidney Lumet fournit l'inquiétant symptôme. Gloria, le vrai, le seul, est évidemment un film de John Cassavetes, écrit pour et incarné par sa femme Gena Rowlands à un degré de perfection absolument génial. Ce film ayant été conçu en marge des systèmes, il n'a jamais bénéficié aux Etats-Unis de la distribution massive et populaire qu'il méritait largement. Mais plutôt que d'investir dans des copies neuves et d'oser lancer une nouvelle distribution un peu musclée, les studios ont jugé qu'il valait mieux le retourner et substituer purement et simplement le nouveau à l'ancien. Dans cette affaire, on peut comprendre les motivations d'une Sharon Stone, pour laquelle le rôle traumatique de Gloria était un cadeau qui ne se refuse pas. On reste plus circonspect quant au désir qui anime le modeste Lumet: rarement remake aura été si inutile et désespérant.
Avec Je règle mon pas sur le pas de mon père, Rémi Waterhouse, scénariste de Ridicule, avait toutes les ficelles en main pour réussir un de ces bons petits premiers films intrigants et mal élevés dont notre cinéma a le secret. Mieux: en s'adjoignant le vieux gnafron Jean Yanne et le jeune coq attachant Guillaume Canet, il démontrait une science assez subtile du casting. Mais derrière son histoire accrocheuse de filiation identitaire, il n'a accroché aucun wagon cinématographique sérieux, se contentant d'un mitraillage stakhanovi