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Libération
Dans les archives de «Libé», en mai 1999

Jean-Louis Trintignant, Un homme et une flamme

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A 68 ans, il guette le signal de l’âge, aime l’idée d’abstinence et succombe aux excès.
Jean-Louis Trintignant dans «l'Instinct de l'ange» en 1993. (PATRICK CAMBOULIVE/Collection ChristopheL via AFP)
publié le 14 mai 1999 à 1h01

«Moi je fais du vin aussi.» Parole de vigneron, musique de Trintignant. «Aussi» pourrait éluder la suite, il resterait silencieux, penché sur son verre de côtes-du-rhône. Il en boit à Paris. Chez lui, il élève un rouge du Gard, son pays. Il y est né, il est retourné y vivre. Il a là-bas ses «petits bonheurs». Des oliviers à tailler, des vignes à vendanger, un ciel à contempler. Auto-Hebdo au courrier, et de vraies routes qui tournent. «Il conduit bien», dit François, un ami des circuits. Jean-Louis Trintignant rougit : «Bien conduire, c’est rouler à 140 et mettre le frein à main pour faire demi-tour.» Il voudrait être sage et ne l’est toujours pas.

La voix, le regard gris, le sourire. L’âge a laissé l’essentiel. Il parle au présent : «C’est une chance de ne pas être trop moche, mais on ne peut pas faire sa vie là-dessus.» Quand il cède à la coquetterie, «je parle comme un vieux con, non ?» il prend son sourire Trintignant. Il peut acheter un cabriolet BMW, être très content, et dix jours après constater : «J’ai l’air d’un con là-dedans.» Il dit «boire, depuis l’âge de 40 ans, plus d’une bouteille de vin par jour». Il aime «l’idée de l’abstinence mais pas l’abstinence», décode Nadine Trintignant, la mère de ses deux enfants. «Il a l’âme d’un gamin», s’attendrit Samuel Benchetrit, 25 ans, metteur en scène des Poèmes à Lou d’Apollinaire. Lui guette le signal de l’âge, la confusio