Un après-midi à Cannes, devant le Martinez. «Qui vous attendez?», demande un passant. «Tout le monde et personne», répond une dame. Les jeunes cherchent Debbouze. Un gosse: «T'as vu Djamel?» Djamel approche. La foule pousse. Une vieille dame: «Mais ils vont tout écraser les pétunias!» Un gamin: «Hé Djamel!» Il passe, invisible, tout petit au milieu de ses colosses gardes du corps. Le même gamin, qui n'a rien vu: «Putain, j'ai vu Djamel!» Un jaloux: «On s'en tape!» Et on se remet à attendre. Etre ici, c'est comme pouvoir se balader dans les pages de Paris-Match" On se dit «en compétition». Pour une photo, un regard. On fait des pointes, et ça fatigue. Alors, la hargne gagne: «Tu le pousses, ton escabeau?» Et l'angoisse: «Je suis rouge?», demande une fille. Sa copine, effondrée: «Ben voilà! T'as les marques du soutien-gorge!» On filme au Caméscope à bout de bras, sans viser. Ça fait pro. Et la surprise est toujours au bout de l'effort. Instant fugace, moment de grâce: «Tiens, Catherine!» «Deneuve! Elle est belle!» On déclenche. La photo sera floue, prise de loin, on n'y verra qu'une voiture aux vitres fumées, qui cache une star non identifiée, mais qu'importe" Frustrantes, les nuques. Et ça retombe. La routine de l'attente, sous le cagnard. Rester concentré: ça peut sortir à tout moment. Justement, la rumeur reprend. Un enfant, fatigué de ne voir que des jambes: «C'est qui?» Les parents, excédés de ne voir que des nuques: «Sais pas!» On s'énerve: «Montre ta tête! Ah, Arthur!»
Reportage
Canal +, le rêve servi sur un plateau.
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par Michel Henry
publié le 18 mai 1999 à 1h04
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