«Mon premier festival de Cannes, c'était il y a vingt-huit ans, je l'ai fait avec ma femme. L'année suivante, j'avais divorcé et, depuis, je n'en ai jamais loupé un seul. En plus de mon divorce, je lui dois aussi ma carrière politique qui, presque à mon insu, a fait de moi un maire, puis un député. Chaque année, je bloque mes dates cannoises et je m'isole du monde; c'est le seul et unique caprice de vie qui me donne la sensation de demeurer fidèle à moi-même" C'est comme cela qu'en mai 1981, alors qu'il suffisait d'être socialiste pour se faire élire dans le sillage de Mitterrand, mes collègues du parti ont profité de mon absence pour m'inscrire aux législatives sans rien me demander. Le miracle a eu lieu et je suis devenu député.»
Monsieur V., 72 ans, a bâti toute sa vie autour du cinéma. A 5 ans, sa mère, ouvreuse dans un ciné-music-hall parisien, lui transmet, malgré elle, le virus cinéphilique. Dans les années 70, devenu maire, il fera campagne auprès de ses homologues pour qu'ils s'attachent à engager une part de leurs budgets dans le maintien du plus grand nombre possible de cinémas en centre-ville. «Si je suis à Cannes et si je bénéficie de ces privilèges-là, c'est, je crois, parce que, sans être un acteur du milieu du cinéma, ce milieu a dû reconnaître que j'avais fait beaucoup pour lui.»
Si les fêtes et les soirées n'inspirent plus Monsieur V. depuis longtemps, une autre raison de sa venue systématique est une estime puissante, quasi familiale, pour les petites gens q