Quatre ans ont passé depuis Dead Man, film-tombeau de Jim Jarmusch habité de bout en bout par les haillons folks hypnotiques de Neil Young. Avec Ghost Dog, la voie du samouraï, Jarmusch fouille à nouveau dans les entrailles américaines et a confié le soin de la bande-son au rappeur RZA, leader surdoué du Wu Tang Clan. La note brute du beat scande d'entrée de jeu les premières images du film, survol nocturne de la ville, New York probablement, une pulsation abrasive et tendue qui introduit à l'atmosphère raréfiée de cet opus que Jarmusch a conçu à l'écoute attentive et instruite des ultimes mutations de la culture black. Battements sourds, près de l'os, qui constituent une sorte d'émanation musicale du personnage du «chien fantôme» qu'interprète, avec une maestria impassible, Forest Whitaker. Canevas relâché. Impressionnante masse physique, black solitaire vivant en reclus fienté parmi ses dizaines de pigeons voyageurs dans une cabane sur le toit d'un building, le Ghost Dog est un tueur à gages d'une redoutable efficacité, guidé dans ses actes par le code de conduite aristocratique du Japon ancien, cette culture des samouraïs idéalisée au nom d'une fidélité de vassal à son maître, Louie (John Tormey), qui lui a un jour sauvé la vie. Un contrat pour la mafia italienne tourne mal sans que l'on comprenne trop pourquoi, et l'architecture meurtrière qui relie le tueur noir à ses commanditaires ritals se disloque complètement. Pour ne pas être tué, le Dog va devoir tirer plus vite
Critique
«Ghost Dog», film en noir et black
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par Didier Péron
publié le 20 mai 1999 à 1h07
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