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Libération
Critique

Quinzaine des réalisateurs. Tentative de «suicide»

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Epatant premier film de Sofia Coppola sur l'adolescence.
publié le 20 mai 1999 à 1h07

Au bout de cinq minutes du film, on se pince les joues, et celles du voisin, pour vérifier si des reliquats de vodka-tonic mal cuvée de la veille ne sont pas en train de nous faire prendre pour de l'or en barre un tas de boue juvénile. Mais non, The Virgin Suicides, premier long métrage de Sofia Coppola, fille de Francis, coproducteur, est, disons-le tout net, carrément génial, une sorte de compromis entre l'Outsiders de papa et du Kids de Larry Clark, un film qu'auraient sûrement plébiscité Nabokov (Vladimir) et Lichtenstein (Roy); et quand bien même ne l'auraient-ils pas fait, ils auraient eu tort. Sorte d'émanation suave de la jet-set US et miracle d'intelligence cinématographique, The Virgin Suicides traite du seul sujet qui compte, l'adolescence, via le destin de cinq jeunes filles en fleur du Michigan, mortes empalée, pendue, droguée, asphyxiée, noyée, par amour, par bravade, par goût excessif du chic, parce que, comme on dit, «it sucks!» ­ «mortel!». Innocence perverse. Adapté d'un roman de Jeffrey Eugenides que Thurston Moore, le leader de Sonic Youth, avait refilé à sa copine Sofia (voyez le niveau de branchement arty de l'affaire), The Virgin Suicides se situe dans les années 70 parmi la jeunesse dorée ou petite-bourgeoise d'une petite ville américaine blanche sans histoires. Les soeurs Lisbon sont les enfants blondes et ravissantes du prof de math du lycée (incroyable James Woods) et son épouse très à cheval sur les principes (Kathleen Turner, plus nocive encore q