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Libération
Critique

L'érotisme héroïque de Monteiro

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Avec «les Noces de Dieu», l'acteur-cinéaste portugais conclut les aventures d'un vieillard épicurien: à sa manière, stylée et surannée.
publié le 21 mai 1999 à 1h07
(mis à jour le 21 mai 1999 à 1h07)

Jean de Dieu est un saint athée et comique, un anachorète gourmand, un esthète trivial, un aristocrate popu, interprété par le Portugais Joao Cesar Monteiro. L'acteur et cinéaste, à la réputation mégalomaniaque et paranoï-aque, ressemble à un vieil oiseau déplumé (on pense aux volatiles qui assistent Mowgli contre le tigre Shere khan dans le Livre de la jungle version Disney") que le moindre contre-jour métamorphose en Nosferatu. De près, deux yeux immenses et aqueux, aussi perçants que doux, dans une gueule de malfrat vérolé. Les Noces de Dieu, troisième volet d'un triptyque (après Souvenirs de la maison jaune et la Comédie de Dieu), achèvent le récit des aventures d'un homme de bien au sens démodé du terme, autrement dit un épicurien.

Burlesque innocent. Jean de Dieu pique-nique sur un banc public quand un envoyé de Dieu habillé en officier de marine lui refile une valise pleine de devises. Tout est normal. Une Ophélie se noie entre trois nénuphars, Jean de Dieu la sauve et la confie aux bons soins du couvent le plus proche. Devant un pot-au-feu trop copieux, Jean de Dieu est un vieillard piteux, mais qu'on lui mette une grenade suave dans la bouche, il redevient un jeune homme sensuel et mordant. Au royaume du paradis, acheté avec les dollars du ciel, il accueille dans son palais raffiné un émir que ses puits de pétrole ennuient. Au poker, les deux hommes jouent la princesse Elena de Gombrowicz qui s'est perversement proposée comme enjeu. L'amour d'une fem