«La question que l'on pose à celui qui rentre de Cannes est d'abord "Quelles vedettes avez-vous vues? et ensuite "Quels films? (...) puis il doit répondre à la deuxième question, la question clé, celle qui implique et explique toute la mythologie du festival "Est-elle aussi bien qu'à l'écran, aussi jolie, aussi fraîche?, etc. Car le vrai problème est celui de la confrontation du mythe et de la réalité, des apparences et de l'essence.» C'est ainsi que, en 1955, Edgar Morin tentait de décrypter les symboles que dissimulait l'exhibition cannoise. En 1999, on peut à nouveau poser cette question. En réalité, ceux qui rentrent de Cannes et ceux qui y restent ne constituent en rien deux mondes que tout oppose. Néanmoins, il est évident que se juxtaposent dans un même temps plusieurs facettes d'une manifestation qui n'a d'unité que sous le nom qu'elle porte. Pour les Cannois et les touristes, qui fournissent l'essentiel des figurants qui peuplent les abords du Palais, le festival est circonscrit dans quelques espaces symboliques hautement médiatisés et puissamment investis. Quant aux accrédités scindés entre médias et spectateurs du «deuxième cercle» , ils partagent avec les organisations, les producteurs et les artistes du «premier cercle» le privilège d'un accès direct aux projections et aux soirées privées. Seule une cause réconcilie momentanément ces cercles désunis: le film sorti de sa banalité quotidienne, qui devient miraculeux par la grâce d'une confrontation, par la prés
En quête du spectateur (10).
Le corps du spectateur
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publié le 24 mai 1999 à 1h08
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