Revenu de Cannes avec le grand prix du jury et deux prix d'interprétation, Bruno Dumont se dit avant tout «ravi», d'autant que le président du jury est un cinéaste qu'il admire. Pour autant, la polémique qui a suivi le palmarès, et qui a particulièrement concerné les deux prix d'interprétation attribués à Séverine Caneele et Emmanuel Schotté, qui tiennent les deux rôles principaux de l'Humanité, ne lui font pas franchement plaisir. D'abord parce qu'à ses yeux, le jury a récompensé «un vrai travail d'acteurs, une interprétation que peu de gens, professionnels ou non, sont capables de donner. Jeff Goldblum et Holly Hunter ont été les premiers à les féliciter». Et qu'il ne comprend pas bien le mépris avec lequel on les traite, au nom, justement, d'un cinéma «populaire» qui exigerait des stars auxquelles ces distinctions auraient été «confisquées». «Mon film n'est pas un documentaire sur Séverine Caneele et Emmanuel Schotté. C'est une fiction: tout est faux. Ce que je cherche, c'est la vérité, pas la réalité. La rue Pharaon de Winter n'est même pas la vraie. Les acteurs incarnent des personnages auxquels ils ne ressemblent pas dans la vie. Nous avons travaillé ensemble des mois avant le tournage. Avant les prises, j'explique très précisément ce que j'attends. Même si nous répétons très peu, rien n'est improvisé. Le scénario est respecté au mot près».
Si Bruno Dumont ne fait pas du non-usage des acteurs professionnels un dogme définitif («Je n'exclus pas de rencontrer un acteur qu