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Libération
Interview

«Stanley était ridiculement optimiste».

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Raconté par ses proches, notamment sa veuve, le cinéaste semble aux antipodes du monstre parano décrit par les tabloïds.
publié le 15 septembre 1999 à 0h42

Il est près de 12 h 30 lorsque l'on franchit la première barrière électrique de l'immense domaine verdoyant de St Albans (à une heure de Londres) où Stanley Kubrick s'était installé à la fin des années soixante avec sa troisième épouse Christiane Harlan et ses trois filles. Didier de Cottignies, ami personnel du cinéaste depuis 1980 et ­ de par sa position dans l'industrie du disque classique ­ conseiller musical crédité sur la BO du film, précise: «Du temps de Stanley, il ne suffisait pas de presser le bouton rouge, il fallait s'annoncer à l'interphone.» La seconde barrière électrique passée, on est surpris par la magnificence du parc verdoyant, la profusion des fleurs entourant l'immense manoir. Abrité par une bâche, le camion réfrigéré contenant les rushes d'Eyes Wide Shut. A l'intérieur, la maison consiste en une enfilade de salons, buanderies, décorés entre autres des tableaux de Christiane Kubrick. Dans l'un des salons aménagé en bureau, règne un bordel rassurant. La famille assure le service après-vente sans baratin, par respect émouvant du maître, mari et père disparu. Anya Kubrick confirme: le masque vénitien qui pendouille négligemment d'une applique électrique, est bien celui porté par Tom Cruise durant la fameuse scène d'orgie. On en profite pour lui demander à brûle-pourpoint si son père avait des épisodes mystiques ou méditatifs, et elle part d'un grand éclat de rire: «Mon père, mystique? Il passait son temps devant la télé!»

On retrouve la veuve, dans la grande