Quand on fera un jour l'inventaire des cinéastes fous, qui osera disputer le titre du maboule en chef à Marco Bellocchio? Depuis son manifeste cinglé de 1964, les Poings dans les poches, il signe des films incertains ou inégaux mais néanmoins toujours malades. La décennie passée, Bellocchio a offert à ses détracteurs une kyrielle d'oeuvres absentes c'est le moins que l'on puisse dire pour avoir été accouchées non pas par le cinéaste lui même mais par son psychiatre-gourou. Un cas de figure unique dans l'histoire du cinéma d'un cinéaste dépossédé, qui signe des films qu'il ne dirige plus, qu'il ne se croit plus apte à diriger. Un cinéaste dissuadé. Mais pourquoi revenir sur tout ça puisque, aux dernières nouvelles, Bellocchio va mieux? Pour rappeler que l'homme sait de quoi il retourne lorsqu'il affronte c'est le cas avec ce film un récit de la substitution: substitution de la mère par la nourrice, substitution d'une grande bourgeoisie par la classe ouvrière, substitution mentale tout court. Avec en background, l'invention de l'hystérie: une grande bourgeoise italienne de la fin du siècle dernier accouche d'un enfant qui ne veut pas s'allaiter. Son mari, médecin, appellera comme nourrice une de ses patientes, souillon révolutionnaire qui simule la folie. Le reste n'est plus que passage de pouvoir.
Zones d'ombres. Dans une lenteur de convalescent et derrière un classicisme (costumes et pas feutrés) que l'on croyait à l'épreuve de notre humeur, se terre