Un cinéaste en scooter (qui est aussi producteur et exploitant) se gare devant une salle de cinéma qui est la sienne. Nanni Moretti vient s’enquérir des chiffres de fréquentation de la première séance de Close-up. Il lui faut un certain courage pour distribuer ce beau film iranien d’Abbas Kiarostami dans le Rome culturellement désolé du début de la décennie. On se dit aussi que Moretti doit avoir quelques tendances suicidaires marquées pour charger sur son scooter une caméra afin de nous faire savoir s’il reste encore quelques spectateurs romains suffisamment éclairés pour venir découvrir un programme qui ne soit pas de l’ordre de leur habitude, un film qui échapperait à la moulinette hollywoodienne, et qui aurait des questions à poser au monde. Mais du monde, il y aura peu «Il est maigre le chat», comme disaient autrefois les exploitants de province et Moretti pense alors qu’il faudrait en terme de publicité inventer quelque chose de plus parlant, un nom peut-être, pour que ce Close-up énormément iranien intrigue davantage l’imaginaire d’un public irrécupérablement romain et décadent. La démocratie des images est loin, déjà.
La fin d'un nom. Cinq ans auparavant, en 1989, c'est probablement en scooter mais ça, on ne le saura pas que Nanni Moretti a parcouru l'Italie et son fond de poêle politique à la recherche, là encore, d'un nom. Un nom qui viendrait en remplacer un autre devenu gênant, source de malentendus et de contradictions, un nom dont le renoncement p