Dans l'inépuisable débat sur la révolution numérique ses
bénéficiaires et ses oubliés l'industrie cinématographique sera peut-être une exception culturelle: tout en favorisant les monstres façon Star Wars, elle aidera peut-être à l'émergence d'un cinéma un peu plus indépendant, libéré d'un coûteux intermédiaire que les sont les studios et autres distributeurs. Quatre raisons à cela: un, l'invasion du numérique va faire chuter les prix de la production des films. Non seulement une caméra numérique coûte une fraction de caméra-film, mais aujourd'hui, le moindre ordinateur personnel est cent fois plus puissant que le calculateur qui, en 1977, actionnait les caméras de la première Guerre des étoiles. Deux, le numérique libère la créativité; un réalisateur indépendant maîtrisant les techniques de l'imagerie virtuelle autant que l'art du scénario disposera d'autant de liberté que Jean-Claude Mézières dessinant Valérian. Ni les figurants, ni les décors ne seront un problème.
Trois, la notoriété; aujourd'hui, l'Internet est le vecteur le plus efficace du buzz, le bouche à oreille; confer le cas de Blair Witch, petit film à micro-budget qui a su créer son audience par une judicieuse exploitation du Net. De la même façon, il suffit de regarder ce qui se passe dans la musique depuis l'explosion du MP3, ce format qui permet de diffuser des morceaux sur l'Internet: pour les musiciens et producteurs indépendants, ce fut l'aubaine; de jeunes artistes ont court-circuité toute la machineri