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Analyse

Jean-Marie Schaeffer: «Une fiction enfantine»

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Pour le linguiste, l'univers de George Lucas prédomine sur le film. D'où son succès.
par Jean-Marie SCHAEFFER
publié le 13 octobre 1999 à 1h26

L’effervescence entourant la sortie de la Menace fantôme et plus largement l’engouement planétaire ­ qui dure depuis plus de 20 ans ­ pour la saga de la Guerre des étoiles peuvent paraître mystérieux ou incompréhensibles. On sera peut-être tenté de réduire toute l’entreprise à une énorme machine à fric (selon le Hollywood Reporter, la Menace fantôme est «le premier film qui fera de l’argent même si personne n’achète un ticket pour le voir»). Mais, à moins de recourir à la thèse de l’aliénation des foules, cela ne saurait expliquer pourquoi la série rencontre un tel succès.

Aussi oserai-je une apparente banalité: la saga de la Guerre des étoiles est tout simplement une fiction. Or une fiction n'est pas nécessairement une oeuvre d'art. Elle peut en fait s'incarner sous les formes les plus diverses: rêveries, jeux (solitaires ou interactifs) et représentations de toute sorte (parmi lesquelles des représentations à prétention artistique). D'où les malentendus entre une partie de la critique cinématographique et les fans: là où le critique fait la moue devant l'oeuvre cinématographique, les amateurs se délectent de l'univers fictif. Dans l'élaboration de cet univers virtuel, les films valent non pas comme oeuvres mais comme amorces mimétiques. Cela est illustré par le fait que les innombrables produits mis sur le marché pour accompagner la sortie de la Menace fantôme ne sauraient être tous réduits au simple statut de produits dérivés. Les plus importants d'entre eux, tels les jeux