Ces drôles d'oiseaux déplumés au museau ridé, ces Shingouz trop
bavards et cupides ne vous rappellent-il pas le vilain Watto de la Menace fantôme? Laureline en bikini doré «Cléopâtre», esclave d'une infâme créature, n'a-t-elle pas le petit air coquin de la princesse Leia capturée par l'ignoble Jabba the Hut? Valérian cryogénisé ne vous évoque-t-il pas le châtiment réservé à Han Solo par le même Jabba? Un seigneur de guerre ôtant son casque médiéval pour révéler son visage irradié, le terrible secret que cache Darth Vader? Ils viennent pourtant de l'Empire des 1 000 planètes, du Pays sans étoile et de l'Ambassadeur des ombres, trois albums de Valérian concoctés par Christin et Mézières entre 1969 et 1975, quand le premier Star Wars date de 1977. Preuve que si Lucas revendique l'influence de Flash Gordon, archétype du héros antinazi, il ne cite pas toutes ses références. A la décharge du réalisateur, les univers du space opera offrent des correspondances infinies et nombre de recettes qu'utilisent aussi les pères de Valérian.
George Lucas naît en 1944 quand la maîtrise du monde passait par la maîtrise du ciel. Nourri au biberon de la conquête de l'espace, il a vécu l'âge d'or du space opera. Il pioche dans les romans d'Edmond Hamilton ou de Robert Heinlein. C'est à Leigh Brackett, vieille routière de l'heroic fantasy, qu'il avait commandé le premier script de la Guerre des étoiles. Han Solo, son pilote de haut vol, est le répliquant parfait de Northwest Smith, héros magistral de