Jonas Mekas est le porte-drapeau de ce que l'on appelle le cinéma expérimental américain. En fait, son art est tellement évident, simple et modeste qu'il vaudrait mieux dire indépendant et biffer de sa mémoire tout ce que ce mot évoque depuis qu'il est à la mode (grâce au Sundance Festival et aux films d'arrivistes débutants ne rêvant que de superbudgets hollywoodiens). Jonas Mekas est, avec Robert Frank et quelques très rares autres, l'un des seuls véritables indépendants. Il a débarqué aux Etats-Unis juste après la guerre. Il avait un peu plus de 20 ans. Le docu de Brigitte Cornand nous le montre rappelant le passé terrible de son pays, la Lituanie, bouffé par Staline, réduit en cendres par Hitler, repris par Staline" Mekas a gardé un sens aigu de cette histoire. Mais le jour où il a mis le pied à New York (plus spécialement à Manhattan, car il garde un mauvais souvenir de son séjour à Brooklyn), il est devenu citoyen du monde-cinéma, auteur heureux d'un journal intime qui court sur un demi-siècle et propagandiste du paradis sur terre. Aujourd'hui, plus de cinquante ans après son installation, Brigitte Cornand nous fait rencontrer un vieillard jeune et plein de gaieté, qui s'est accompli en tuant sous lui quatre Bolex Paillard 16 mm. Qui a construit aussi une oeuvre joyeuse dont on peut voir de larges extraits dans ce documentaire, et même une cinémathèque (l'Anthology Film Archives) dans le Lower East Side, son quartier du bas Manhattan, où l'on projette des films rares o
Critique
La mécanique Mekas
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par Edouard WAINTROP
publié le 16 novembre 1999 à 1h43
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