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Libération

Le cinéma parlant. Le pays où rêve Jonas Mekas.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Si l'on veut un exemple rare d'intelligence du cinéma, il suffit d'écouter-voir Jonas Mekas. C'était hier soir, vers 22 h 30, sur Canal Plus, à l'occasion d'un portrait biographique brillamment façonné par Brigitte Cornand. Comme le rappelait Libération (du 16 novembre), «Jonas Mekas est le porte-drapeau de ce qu'on appelle le cinéma expérimental américain». Et comme le soulignait le titre du portrait qui lui a été consacré (My Country Is Cinema), son pays c'est le cinéma. De fait, Jonas Mekas est bel et bien un inventeur au sens où on le dit pour qualifier un découvreur de trésor. En précisant que les diamants de son magot n'oublient jamais qu'ils sont des accidents de carbone, des exceptions cristallisées, «des petits fragments de paradis» comme le dit poétiquement Jonas Mekas. C'est peu dire en effet que le pays du cinéma est un pays qui n'existe pas, une cité des ombres, vestibule de l'en deçà ou hall de l'au-delà. Même quand ils racontent des histoires de vivants, les plus beaux films sont toujours des films de fantômes où gronde la rumeur du monde: celle qui nous chante, comme chez Resnais (On connaît la chanson), que tout passe et finira dans le cimetière, celle qui nous murmure, comme chez Mekas, que, en attendant la fin (mot qui a mystérieusement disparu des génériques de films, comme si on craignait qu'il ait raison), le cinéma doit filmer tout ce qui célèbre la vie. Les films de Mekas, dont les quelques extraits qui ponctuaient son portrait eurent le don magique d