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Libération
Portrait

Agnès Jaoui Talent-anguille

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Agnès Jaoui, 35 ans, actrice-scénariste-réalisatrice. Au-delà de son duo avec Bacri, elle amasse les succès en toute incertitude.
publié le 1er février 2000 à 22h30

Elle a voulu être une actrice. Puis une actrice qui écrit. Puis une actrice qui écrit et qui réalise. C'est fait. Avec son homme d'abord. Maintenant, toute seule. Emancipée à temps, avant que les Jaoui-Bacri ne deviennent les Roux et Combaluzier du cinéma français. Alors, contente? Pas encore. Agnès Jaoui, enfin premier rôle d'Une femme d'extérieur , réalisatrice du Goût des autres , continue de semer des cendriers pleins et des paquets de cigarettes déchiquetés en tout petits morceaux. Terrorisée de se retrouver enfermée, comme un rat d'Alain Resnais, par une seule image d'elle même. Jamais rassurée. Elle veut être belle, intelligente, drôle, jeune, mûre. Séduire tout ce qui approche. Et échapper malgré tout aux clichés. Il vaut mieux, c'est sa spécialité: traquer les lieux communs, les petits travers, tout ce qui piège et ratatine ses contemporains. Alors elle laisse filer un certain naturel. Pas de maquillage apparent, pas de tenue trop à la mode, et une modestie affirmée pour neutraliser les retours d'ironie. «Actrice? J'ai voulu l'être pour qu'on me trouve belle et qu'on m'aime, évidemment..»Elle s'observe avec le troisième oeil vigilant du couple Bacri-Jaoui, les «Jacri» comme dit Resnais: «C'est maladif, je ne me suffis pas à moi même. Je n'ai pas l'impression d'exister si je ne fais rien que les autres voient» Elle glisse, quand même, qu'elle a fait hypokhâgne, «comme tout le monde à Henri IV.» Qu'elle écrit son journal depuis l'âge de douze ans: «Pas le Journal de J