Finalement, le grand mérite de Roger Vadim aura été, non pas, comme on l'a longtemps prétendu, de révolutionner le cinéma (il fut bien trop modeste réalisateur pour cela), mais plutôt de contribuer à dynamiter les codes d'une morale qui rendait les années 50 de plus en plus étouffantes. Avec Et Dieu créa la femme, portrait féminin comme on n'en avait encore jamais vu à l'écran, Vadim s'attachait à déculpabiliser les notions (taboues) de désir et de sensualité. Un peu comme le faisait à la même époque, dans un domaine parallèle, la musique, Elvis Aron Presley. Preuve que le moment était venu d'en finir avec ce puritanisme ambiant qui interdisait aux actrices hollywoodiennes d'exhiber leur nombril ou au futur King de se déhancher à la télé.
Le parfum de scandale qui entoura les projections de ce premier film n'était d'ailleurs pas pour déplaire à son metteur en scène, se définissant lui-même moins play-boy (réputation que ses nombreuses conquêtes féminines lui vaudront) que noceur nonchalant.
Dandy. Fils d'un vice-consul de France descendant en ligne directe de Gengis Khan, le prince Igor Nicolaievitch Plemiannikov, et d'une comédienne frustrée, Marie-Antoinette Ardilouze, Roger Vadim Plemiannikov, né à Paris le 26 janvier 1928, avait tout en effet d'un personnage des romans du dandy Boris Vian. Ce même Boris Vian qui fut son ami aux plus belles heures du Tabou et qu'il devait diriger ensuite dans les Liaisons dangereuses 1960 (film qui lui valut une fois encore