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Libération

Roger Vadim une réputation de pygmalion

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Vadim aurait «fait» BB, Deneuve, Fonda.
publié le 12 février 2000 à 22h17

Parce qu'en 1956, il a réalisé Et Dieu créa la femme, Roger Vadim passe pour un des précurseurs de la Nouvelle Vague et l'artiste qui créa LA femme par excellence, soit Brigitte Bardot. Dans les deux cas, l'importance du metteur en scène peut être débattue, pour ne pas dire contestée.

Novateur? Si Et Dieu créa la femme tranche sur la production française courante des années 50 par son ton, c'est avant tout parce que le cinéma de l'époque, celui de la fameuse «qualité française» dénoncée par François Truffaut, est particulièrement poussiéreux, coincé et pour tout dire ennuyeux. Dans cette histoire d'une jeune fille que trois hommes désirent en arborant des mines de grands méchants loups ou de parfaits couillons, ce qui frappe avant tout, c'est la faiblesse de la mise en scène. Au point qu'il est abusif de comparer ce film à un Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville, aux premiers Jacques Becker ou aux Dernières vacances de Roger Leenhardt, autres signes avant-coureurs des débuts de Chabrol, Truffaut ou Godard.

En fait, le seul attrait persistant de ce film surfait, c'est Bardot. Le mérite de Vadim consiste à l'avoir arrachée aux rôles de godiche dans lesquels elle était jusqu'alors confinée, de lui avoir permis d'arpenter l'écran avec liberté, montrant à quel point elle était une actrice et un corps de cinéma, au sens fort du terme. Il faut juste se demander avec Jacques Lourcelles (1) si ce n'est pas Bardot qui fut le pygmalion de Vadim, et non l'inverse.

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