Le marchand de sable est passé jetant sa poudre de perlimpinpin dans les yeux écarquillés des teenagers en mal de «visions». La Plage, comme la Vallée (1972) de Barbet Schroeder sur une musique des Pink Floyd, reprend le flambeau de la quête hippie d'un Eldorado cool, en rupture avec la civilisation corruptrice des âmes pures et des corps jeunes. C'est une vieille histoire, le retour à l'état de nature, définitivement théorisé par l'ami Rousseau qui voyait dans la ronde autour d'un feu le symbole de la réciprocité retrouvée des êtres. A la Plage, même topo et mêmes clichés. Ici, tout est cependant affaire de détails. On en pointera trois à titre d'exemples, on pourrait en trouver d'autres, c'est une mine de symptômes.
Américanisation. Dans le livre d'Alex Garland que le film adapte, le personnage principal, Richard, est anglais. D. Boyle, à l'écran, pour des raisons de compatibilité avec les exigences d'une superproduction hollywoodienne de cette taille, en a fait un héros américain. Ce changement de nationalité et la place hégémonique de DiCaprio qui cannibalise l'intégralité du casting international (français, anglais, italien, suédois, thaïlandais, lire ci-dessous) a de quoi laisser rêveur sur l'inconscient très conscient du film. D'ailleurs, on croit rêver en effet, et il faut bien remonter aux riches heures de Midnight Express autre opus d'un Anglais pas finaud, Alan Parker, dont Boyle est l'héritier esthétique direct pour voir se déployer à l'écran