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Libération
Critique

«Love Me»? On voudrait bien.

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Laetitia Masson signe une rêverie esthétisante et vaporeuse.
publié le 23 février 2000 à 22h40

Elle s'appelle Rose, s'habille en rose, mais telle une somnambule erratique arpente un univers de film noir, quelque part entre le nord de la France et un Memphis de pacotille. Elle, c'est une jeune femme paumée (Sandrine Kiberlain) dont on découvre que ses voyages sont essentiellement immobiles. D'une scène à l'autre, le spectateur slalome dans l'inconscient méandreux de cette midinette dépressive, sans jamais savoir avec certitude à quel étage de réalité il se trouve (souvenir, fantasme?). Lennox (Johnny Hallyday), ce chanteur français qu'elle poursuit à travers les Etats-Unis, ne le rencontre-t-elle qu'en rêve? Entre songe et cauchemar, le film se promène. C'est Providence de Resnais croisé avec un roman de la collection «Harlequin».

Imagerie ondoyante. Déjà, En avoir ou pas et A vendre, précédents films de Masson, enfilaient ingénument les stéréotypes les plus éculés, peinant en cela à dépasser le cadre étroit du poster sociologique un peu mode. Dans Love Me, les clichés ont tout dévoré. C'est, par exemple, Johnny Hallyday en lonesome cow-boy qui a roulé sa bosse et déverse son blues fourbu dans des clubs enfumés. On le retrouve tel que Godard (Détective) et Michel Berger (le Chanteur abandonné, Quelque chose de Tennessee) l'ont refaçonné, au mitan des années 80. C'est encore ce personnage féminin de paumée glamour (un boa, une permanente, un déshabillé sous le manteau en cuir), tellement photogénique dans sa dérive (l'effet Sue perdue dans Manhattan). Ma