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Libération
Critique

Madame de ... France 3, dimanche, 0 h 05.

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publié le 26 février 2000 à 22h35

Tout comme on évoque un «rugby-champagne», sans doute peut-on parler d'un «cinéma-champagne». Un cinéma fluide, tout en mouvements et habiles cadrages-débordements, dont Max Ophüls fut l'un des plus dignes artisans et son Madame de" (1953) le plus brillant exemple. Puisque le Tournoi des six nations fait relâche ce week-end et que, de toute manière, le champagne n'y coule pas à flots (nous assurent les experts), rabattons-nous donc sur la partie qui oppose Charles Boyer et Vittorio De Sica, respectivement mari et amant de la grande Danièle Darrieux. Terrain: les salons du siècle dernier, leurs généraux, leurs diplomates et leurs bals. En guise de ballon, une paire de boucles d'oreilles en diamant ­ ovales, bien sûr ­ qui vont circuler d'un camp à l'autre selon un savant plan de jeu signé Louise de Vilmorin (auteur du roman original) et revu par Marcel Achard (dialogues).

Coup d'envoi. Ophüls engage avec un plan bien étrange: des mains furètent dans une garde-robe, hésitent, vont et viennent sous l'oeil d'une caméra très mobile. C'est une chorégraphie grisante qui commence. Car la caméra ne va pratiquement plus cesser de bouger, les quelques plans fixes étant réduits à une durée minimum. Au milieu de ce ballet, Ophüls a une trouvaille formidable: il contracte en un seul plan-séquence le récit de la séduction réciproque entre Darrieux et De Sica . On y voit les deux personnages, encore étrangers l'un à l'autre, danser au bal de chez A. Puis dans le même mouveme