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Libération
Critique

De beaux poulets, mais sans chair.

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Le film de Schoendoerffer fils pèche par excès d'écriture et de mise en scène.
publié le 15 mars 2000 à 22h49

Le polar à la française n'en est pas à sa première tentative de réforme: la Balance, déjà, se présentait comme une révolution dans le film de poulets. Parmi les derniers exemples en date, il y eut le bien plus digne Cousin d'Alain Corneau, dont le souci de réalisme social ressemblait beaucoup à celui affiché par Schoendoerffer fils pour son Scènes de crimes. L'intérêt majeur de ce premier film réside dans l'attention remarquable que le réalisateur porte à ses acteurs principaux, Charles Berling et André Dussollier, dans les rôles respectifs de Georges et Jean-Louis, deux Français doux et moyens, sentimental et introverti pour le premier, alcoolique au bout du rouleau et au bord du divorce pour le second.

Ces deux demi-sel du cheptel français, nettement au-dessus des masses actrices et laborieuses mais pas tout à fait têtes d'affiche, semblent d'ailleurs touchés de cette considération plutôt inattendue: ils s'en tiennent à un registre sobre qui leur sied. Couple de flics embarqués dans une enquête pointilleuse, le binôme encaisse l'horreur au jour le jour (un serial-killer très gourmand en jeunes filles), dans des séquences qui se la racontent beaucoup en mise en scène (mouvements de grues ou d'ULM, travellings lyriques) et ne cessent de clamer leur originalité. Une scène notamment, partout présentée comme un morceau de bravoure et filmée comme telle, fait pitié: l'autopsie à la morgue d'un corps sans mains ni tête. Dans le même esprit, le très attendu face-à-face final avec l