André Dussollier ne récite pas son enfance ou les moments forts de sa vie. Il parle vite, sans avoir besoin d'être questionné, mais sa parole est celle d'un chercheur. Le passé n'est pas donné, il est à construire. Autant que le présent et l'avenir, il est imprévisible. André Dussollier sollicite très peu les metteurs en scène ou cinéastes, car il pense que la vie professionnelle est semblable à celle des sentiments: on ne brusque pas artificiellement le besoin de travailler ensemble, de même qu'on ne se marie pas unilatéralement. Ce souci de laisser les coïncidences et la réflexion faire leur oeuvre explique peut-être une disproportion: depuis trente ans, une présence constante au cinéma ou au théâtre, mais peu de rôles qui explorent sa diversité. La première fois que l'acteur est apparu à l'écran, c'était dans Une belle fille comme moi, de Truffaut, en 1973. Il y jouait un étudiant à lunettes, dont la timidité contrastait avec la pétulance de Bernadette Lafont dans le rôle-titre. Et, longtemps, Dussollier est resté cantonné dans le registre du raisonnable un peu fade. «C'était l'époque d'Al Pacino et de De Niro, qui se métamorphosaient à chaque film. Pour mon premier rôle, je m'étais composé un personnage, en supposant que j'allais en changer. J'ai été très surpris que, pendant dix ans, les producteurs s'exclament: "Tiens, vous ne portez pas de lunettes finalement!»
Ses intonations ont une passion retenue. Une voix qui sonne de l'intérieur et qu'on écoute quoi qu'elle dise.