Il faut bien le dire, ces dix dernières années, le cinéma de Zulawski n'a pas beaucoup occupé nos esprits. Son dernier film français, la Note bleue en 1991, ne laissa guère de traces et le suivant, Szamanka, réalisé en Pologne et projeté à Venise en 1996, fut peu vu et peu commenté. Avec la Fidélité, le cinéma de Zulawski revient donc de loin (l'oubli, l'indifférence, les années 80 qui en firent un temps un cinéaste à la mode) et s'impose comme une des secousses de cinéma les plus détonantes du moment.
Maestria expressionniste. Pourtant, le lyrisme à bride abattue du cinéaste s'est calmé. Dès la première scène de confidences entre une mère (Magali Noël) et sa fille (Sophie Marceau, d'emblée géniale), située, comme le prologue de l'Amour braque, dans un train, la fièvre parait assourdie. Pendant près d'une heure, la première et la plus réussie, le film tient cette tonalité mezza voce sans que la manière du cinéaste n'ait cédé en rien sur sa maestria expressionniste. On retrouve ces lumières crépusculaires d'un monde au bord de son apocalypse, cette fébrilité dans le jeu des acteurs (Sophie Marceau donc, mais aussi Pascal Greggory, éblouissant en mari inquiet), bref ce léger excédent de représentation, d'autant plus vibrant qu'il ne s'exacerbe ici que par fulgurances. Le film catapulte La Princesse de Clèves en l'an 2000. Clélia Clève s'éprend d'un jeune chien fou, star en devenir de la photographie, mais se refuse à trahir son mari. Si le roman de Mme de La Fa