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Libération
Critique

Affreuse, sale et méchante.

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MARCHÉ DU FILM. Virginie Despentes adapte «Baise-moi», son best-seller de 1995. Résultat: un porno en giclée de haine à l'âpre goût de vengeance.
publié le 18 mai 2000 à 1h09

«Désolé mais c'est "no press. Les filles ne tiennent pas à ce que des journalistes voient le film avant la commission de censure. Dégagez.» Début d'émeute dans le hall du Star, un cinéma de la rue d'Antibes, et montée d'adrénaline pour une dizaine de gogos estampillés presse, attirés comme des mouches par l'adaptation toute chatte dehors de Baise-moi, roman publié il y a cinq ans. Laissant nos confrères aboyer en vain, nous hésitons, pour ménager notre entrée, entre les toilettes et la sortie de secours. Baise-moi? Quand c'est demandé si gentiment! «Génération zéro». L'automne 1995 était propice à la radicalité: Florence Rey et Audry Maupin menaient leur équipée sanglante, l'ultra-violence du cinéma de Hong-kong sortait de sa confidentialité, des couples amateurs s'exhibaient sur les plateaux télé, leurs cassettes de partouzes sous le froc. Et Virginie Despentes, 25 ans en gros, lâchait un boulot de vendeuse dans un sex-shop lyonnais pour publier le manifeste de la «génération zéro».

Baise-moi? Deux nanas, accros à la dope et branchées cul, décident, en retour d'un viol sordide et d'une dette de junkie, d'entamer une virée désespérée au coeur de leur propre violence, à coup de flingues et de pipes. C'était moins Thelma et Louisel'Ecole de...). Capotages. Le succès du roman fut tel que très vite vinrent des rumeurs d'adaptations ciné, toutes plus catastrophiques les unes que les autres, la palme revenant à une version censément réalisée et produite par la guimauve Jean-Loup Hu